Jean-Louis Murat, « Je me donne » (2000)

Posted by Pierre Igot in: Music
September 20th, 2003 • 12:57 am

L’une des choses les plus remarquables dans les prestations « live » de Jean-Louis Murat est qu’elles recèlent presque toujours au moins quelques perles inédites, qui n’ont jamais paru ni sur les albums officiels ni sur les divers CD-singles et autres formats à tirage plus limité.

L’artiste est en effet éminemment prolifique et ne se prive pas d’en faire profiter ceux qui l’apprécient. À ce titre, il est un peu curieux qu’il n’ait pas sorti plus d’albums studio depuis le début de sa carrière au milieu des années 1980. Mais il y a eu plusieurs albums live, justement, avec un nombre substantiel de titres inédits interprétés lors des concerts enregistrés.

« Je me donne » est un morceau qui, à ma connaissance, n’est jamais sorti, mais a été interprété plusieurs fois en concert. L’enregistrement dont je dispose semble être issu d’une diffusion télévisée sur Paris-Première en 2000 à l’occasion de la sortie de l’album Mustango. (J’ai 9 titres. Dans l’ordre: « Le troupeau », « Le lien défait », « Nous nous aimions tant », « Raspoutine », « Mustang », « Je me donne », « La complainte du paysan français », « Belgrade » et « Nu dans la crevasse ».)

Ce genre de diffusion est désormais, grâce à la qualité des supports de diffusion, d’enregistrement et d’échange, quasiment aussi important qu’un disque live en bonne et due forme sorti dans le commerce. Pour les gens qui habitent au Canada, comme moi, et qui n’ont pas l’occasion d’aller aux concerts, le fait que de tels enregistrements soient accessibles est quelque chose dont il faut se réjouir.

Ce morceau, en particulier, est tout simplement sublime. Morceau lent et érotique, issu de la jouissance du sacrifice amoureux, il est aussi intime et aussi universel qu’on peut le souhaiter dans la séduction par l’art ou l’art de la séduction. L’accompagnement instrumental est très dépouillé (comme pour tous les autres morceaux de cet enregistrement), mais ne se limite pas malgré tout à la seule guitare. On sent la présence de quelques bidouilleurs musicaux en arrière-plan qui viennent agrémenter la plainte joyeuse du chanteur de sons plus ou moins bizarres, histoire justement d’éviter la confusion entre lenteur et tristesse.

Et, quand Murat crie enfin, il n’y a plus de doute possible. Si les paroles trahissent parfois une dérive vers quelque chose d’un peu trop « tantrique » (yoni etc.), la « litière » à laquelle on ne peut s’empêcher de retourner ne laisse aucun doute sur l’attirance pour la chaleur féminine dans toute sa simple volupté.

On peut, bien sûr, doubler tout cela d’une interprétation au second degré avec l’analogie du « don » artistique du chanteur à son auditoire. Du moment que ça ne prive pas le morceau de sa sensualité, je n’ai rien contre. J’aime en tout cas ce qu’il me donne et, comme une femme amoureuse, j’en veux encore plus.

(Merci à P. pour l’accès à l’enregistrement.)


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