François Ozon, 8 femmes (2002)

Posted by Pierre Igot in: Movies
January 4th, 2004 • 8:35 am

C’est mon tout premier film de François Ozon et, si je me fie aux bandes-annonces des cinq autres films incluses dans le DVD, ce n’était peut-être pas le meilleur choix. Mais on ne choisit pas toujours ces choses-là.

Il s’agit en tout cas d’un monstre assez bizarre. C’est censé être une “comédie hilarante” — mais il faut évidemment se méfier de ces vantardises de quatrième de couverture déguisées en témoignages sincères de journalistes indépendants. Ce n’est en tout cas pas très drôle, à moins de se forcer vraiment.

C’est aussi très théâtral (unité de lieu, de temps, etc.), ce qui n’est pas nécessairement mauvais, même dans un film. La théâtralité peut être source de captivation, comme dans l’excellent The Glass Menagerie de Paul Newman (dans un tout autre registre). Mais ici…

Disons simplement qu’on ne sait vraiment pas ce que le cinéaste veut qu’on prenne au sérieux. S’il ne voulait pas qu’on prenne au sérieux quoi que ce soit, alors il aurait fallu mettre beaucoup plus de délire, afin de faire passer la pilule de l’invraisemblance flagrante. Il y a bien une ou deux scènes où l’on devine la possibilité d’un délire et on se prend à rire un peu, mais ça ne va pas plus loin.

Si le cinéaste voulait qu’on prenne au sérieux l’intrigue policière, alors il aurait vraiment fallu qu’il réduise fortement la dose de caricature dans certains des personnages, comme celui interprété par Isabelle Huppert, par exemple. Difficile de s’intéresser au caractère coupable ou innocent d’un personnage quand il n’a rien de réaliste…

Il y aurait pu y avoir quelque chose d’intéressant dans la complexité de l’empilement des mensonges et des révélations de chacune des protagonistes. Mais ça se perd dans tout le reste et c’est de toute façon gâché irrémédiablement par des histoires de lesbianisme ou d’inceste à deux sous…

La musique — eh oui, c’est aussi une comédie musicale — est extrêmement frivole, même si certains morceaux ont quelque chose d’entraînant malgré tout. Je n’ai jamais vraiment pu accrocher à la moindre comédie musicale, qu’elle soit américaine, française ou autre et ce film ne va pas me faire changer d’avis. Le problème est le même que dans toute comédie musicale: artifice, artifice, artifice.

Bref, toutes ces filles et femmes ont beau se démener comme de belles diablesses, ça ne décolle pas vraiment et finit par manquer singulièrement de profondeur ou de subtilité, sans que le caractère “divertissant” parvienne à compenser.


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