Laetitia Colombani, À la folie… pas du tout (2002)
Posted by Pierre Igot in: MoviesDecember 13th, 2003 • 5:40 am
Je ne savais pas du tout de quoi il retournait dans ce film. Je savais juste qu’on y retrouvait Audrey Tautou en soeur jumelle diabolique
d’Amélie Poulain, selon les dires du New York Times placés ostensiblement en exergue au haut de l’emballage du DVD (prêté par un ami).
Je n’étais donc pas du tout au courant du côté prouesse technique
du film, avec son déroulement en deux sections. Et je n’ai pas pu m’empêcher de noter, par conséquent, le caractère bien peu intéressant de l’intrigue en elle-même pendant la première partie du film quand on ne sait pas ce qui nous attend dans la deuxième partie.
Est-ce que cette deuxième partie compense la déception suscitée par la première? Est-ce que la prouesse technique excuse la faiblesse de l’histoire proprement dite? Je ne suis pas convaincu.
Il y a tout simplement trop d’invraisemblances et trop peu de finesse psychologique, pour un film qui prétend pourtant traiter d’un thème psychiatrique bien réel. Les choses ne vont aussi loin qu’elles vont dans le film que parce que les personnages secondaires sont suffisamment caricaturaux pour que le personnage principal puisse faire ses ravages sans véritable obstacle. Arrive-t-on vraiment à croire que le cardiologue incarné par Samuel Le Bihan puisse se laisser si facilement mener en bateau pendant si longtemps sans réagir autrement qu’avec la plus grande maladresse et impuissance? Arrive-t-on vraiment à croire que le jeune homme éperdument amoureux de l’héroïne puisse ne pas voir que quelque chose ne tourne vraiment pas rond et prendre les mesures qui s’imposent? Est-ce un hasard si la collègue de travail de l’héroïne disparaît entièrement du scénario au moment même où on s’attendrait à ce qu’elle intervienne et mette un frein au délire de son amie (quand elle ment au policier)? Etc. etc.
La plus grande faiblesse du film, en fait, c’est l’absence de subtilité au niveau psychologique. OK, on veut bien croire qu’il existe des cas psychiatriques graves d’érotomanie comme celui d’Angélique — mais il n’y a rien dans le film qui nous aide à croire qu’un tel personnage puisse vraiment évoluer en société pendant si longtemps sans que personne ne remarque rien d’anormal et ne fasse rien. L’absence de vraisemblance fait qu’on ne voit pas du tout ce qui se passe justement à la frontière entre raison et folie. Avec Angélique, on est en plein dans la folie et il n’y a pas vraiment de quasi-normalité.
Alors au fond, oui, le film est une prouesse technique, un tour de force
— mais c’est surtout un divertissement sans grande valeur psychologique. Ce n’est certainement pas un film sur l’érotomanie en tant que telle. On se laisse prendre au jeu, mais au final on n’éprouve aucune envie de revenir sur le film pour en apprendre davantage ou mieux comprendre.