Jean-Louis Murat, « Royal Cadet »

Posted by Pierre Igot in: Music
August 1st, 2003 • 9:55 pm

Ce morceau, disponible uniquement sur le CD-single 4 titres de L’au-delà, paru l’an dernier, illustre parfaitement l’impérieuse nécessité de se procurer, dans le cas d’artistes comme Jean-Louis Murat, absolument tout ce qu’ils produisent, quel que soit le support.

Murat est le genre d’artiste qui dépasse de loin le cadre rigide de l’album de 10 à 15 titres tous les 2 ou 3 ans. Il est fort possible que certains de ses meilleurs morceaux se retrouvent alors sur des supports de diffusion plus limitée, comme ce CD-single (en l’attente d’une hypothétique compilation de raretés de la part de sa maison de disques…).

C’est, à mon humble avis, le cas pour ce « Royal Cadet », quatrième et dernier morceau du CD. D’un dépouillement quasi total — à part quelques effets sonores au tout début, il s’agit avant tout de la voix de Murat et de sa guitare, pendant près de 7 minutes — le morceau est en effet déjà un « incontournable » dans la discographie de l’artiste. En l’absence de tout accompagnement instrumental autre que la guitare, la progression des accords est, à la première écoute, un peu difficile à suivre — mais c’est justement ce qui rend les écoutes ultérieures du morceau si gratifiantes. On finit par « imaginer » l’accompagnement instrumental dont Murat aurait pu agrémenter le morceau, tout en se rendant bien compte qu’il n’est pas vraiment nécessaire, qu’on apprend, finalement, à apprécier le morceau sans aide, dans sa simplicité apparente.

Ceci est tout particulièrement sensible au moment des transitions entre les différents accords de la progression. On sait que Murait sait où il va, mais on est encore soi-même un peu perdu et on se laisse porter… Les paroles, quant à elles, sans être limpides, sont, disons, plus « accessibles » que celles d’autres morceaux de la période. Elles tournent autour d’un sentiment profond d’inadéquation, d’être qui est « de trop ». Mais c’est une inadéquation que le traitement dans ce morceau rend quasiment épique. Et les détours passagers du chanté vers le parlé (« Ah non mes chers touristes… ») sont de petits moments de « détente » musicale et poétique qui rendent le morceau encore plus riche.

Il n’y a rien d’autre à faire que de se laisser prendre… La prise de son est si proche que l’art de Murat ne peut ici qu’être accepté comme une évidence. Voix, paroles, musique, esprit, création — tout y est. À prendre.


3 Responses to “Jean-Louis Murat, « Royal Cadet »”

  1. Pierre Igot says:

    Merci :). Paradoxal qu’un morceau si indispensable soit fondé sur le thème de l’inadéquation, sur le sentiment d’être « de trop ». D’un autre côté, c’est peut-être justement pour ça.

    Je trouve que j’ai eu une chance énorme d’avoir découvert Murat 1) avec Le moujik et sa femme et 2) avec ce maxi. Époustouflant! Apparemment, le Moujik ne fait pas partie des albums préférés des fans de longue date… Même maintenant que je connais tout le reste (ou à peu près), je reviens toujours à la première gifle de cet album (et de ce maxi). Avec quelle facilité on passe du « Monde intérieur » à « Vaison-la-Romaine »… pour finir avec « Royal Cadet »!

    Merci aussi pour tes contributions régulières à la dolo-liste et sur ton site. Elles m’ont aidé à aller plus vite dans la découverte. :)

  2. sy! says:

    Je viens de tomber un peu par hazard sur ce post, Royal Cadet figure pour moi aussi dans la liste de mes chansons préférées. Tu rends tres bien l’impression que donne cette chanson, bravo !

  3. sy! says:

    le monde extérieur est petit…
    nos mondes intérieurs sont grand…

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