François Ozon, Swimming Pool (2003)

Posted by Pierre Igot in: Movies
April 5th, 2004 • 7:26 am

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer 8 femmes, cet autre film récent de François Ozon qui m’avait semblé de peu d’intérêt. Dans ce contexte, Swimming Pool m’a agréablement surpris.

Ce film n’est pas particulièrement original, mais il est plutôt bien réussi dans son exécution et suscite un plaisir indéniable.

Ce plaisir tient en grande partie au jeu de Charlotte Rampling, qui est parfaite dans le rôle de la romancière anglaise venue s’exiler dans la résidence secondaire de son éditeur quelque part dans le sud de la France. Ludivine Sagnier est plus agaçante dans le rôle de la jeune pimbêche qui débarque et vient empoisonner la vie de l’écrivain. Même si cet agacement est de toute évidence voulu, il fait qu’il est difficile de trouver vraisemblable le revirement qui s’opère dans la deuxième moitié du film.

Heureusement, à ce stade, la vraisemblance est déjà devenue une considération plutôt secondaire. Tout l’intérêt du film repose alors sur le mécanisme de “mise en abîme”, comme on dit. C’est ce mécanisme qui est la principale source du plaisir mentionné plus haut. Il est suffisamment subtil pour ne pas susciter d’impression de lourdeur et suffisamment bien amené pour ne pas trop désorienter le spectateur.

Reste qu’on peut quand même se demander pourquoi il faut forcément que cette exploration du rapport entre fiction et réalité se fasse par l’intermédiaire d’une intrigue “policière” somme toute assez banale. C’est comme s’il fallait nécessairement du sang et du sexe, même au second degré (ou au troisième, ou au quatrième…), pour faire passer la volonté de stimuler l’esprit du spectateur.

Une entreprise similaire, mais appliquée à un sujet moins cliché et plus profond, plus authentique, aurait pu donner un film plus remarquable, dont l’impact sur le plan esthétique pour le spectateur aurait pu être plus durable. En l’état, ce film reste un produit de consommation. Un produit de consommation bien fichu, certes, mais un produit de consommation quand même. Dommage.


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