Betalogue

Superbe film de François Dupeyron, qui n’a pas d’autre prétention que celle de montrer (surtout pas d’expliquer) et qui le fait avec la beauté de la simplicité.

Je suis sûr qu’il y a eu beaucoup de gens pour trouver tout cela très plat, mais c’est ce qui arrive quand on regarde trop de films de genre.

Dieu merci la cha”ne numérique canadienne ARTV a choisi, contrairement à ce qu’elle fait d’habitude, de présenter le film au format panoramique, sans charcuter l’image. C’est par contre le genre de film qui exige presque la télévision haute-définition. On ne peut, sur un poste de télévision ordinaire, qu’imaginer l’effet que ces images peuvent produire dans un format plus proche de leur splendeur originale.

Ce n’est pas seulement à cause des nombreux plans panoramiques. Tous les plans, tous les angles sont faits pour être appréciés dans leur plénitude. La photographie a clairement fait l’objet d’un soin tout particulier et le cinéaste est parvenu à créer tout un monde à partir d’une palette limitée de couleurs à dominante ocre. On est à mi-chemin entre le noir et blanc et la couleur, et c’est dans cet entre-deux que la plupart des choses intéressantes sur le plan cinématographique se passent.

Il n’est pas nécessaire d’expliquer l’intrigue. Il n’est pas non plus nécessaire de s’attarder sur la dimension sociologique, sur l’échec avéré de l’agriculture moderne à l’échelle individuelle et sur le “retour aux sources” accompli par le personnage principal. Il ne l’accomplit pas par conviction, mais pour tenter de retrouver une apparition. Il finit par y parvenir, et le film a la pudeur de s’arrêter là.

Il faut aussi mentionner le fait que les deux seuls acteurs “connus” dans le film (Jacques Dufilho et Jean-Pierre Darroussin) ne remplissent que des rôles périphériques. Importants, oui, mais périphériques quand même. L’essentiel du film est accompli par des acteurs “anonymes”, c’est-à-dire sans gros bagage. Et ça fonctionne très bien comme ça.

Le seul défaut que je trouverais au film, c’est son titre. Extrait d’un échange dialogué à mi-chemin dans le film, il n’est vraiment pas représentatif ni de sa forme ni de son contenu. Bien sûr, il reste toujours le soupçon — à cause de ce titre, justement — que toute cette réussite est accidentelle, que l’ambition du cinéaste n’était effectivement que de faire un film à message existentialiste et que c’est son échec dans cette ambition qui fait la réussite du film. Je ne sais pas. Il faudrait que je voie d’autres films du même réalisateur pour mieux saisir. (J’ai vu Drôle d’endroit pour une rencontre il y a très longtemps. J’ai vaguement le souvenir d’être resté sur la même impression. Ce serait donc bon signe.)

This entry was posted by Pierre Igot on Friday, August 29th, 2003 at 3:58 pm and is filed under Movies. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.