Monsieur Net

Posted by Pierre Igot in: French Stuff
May 13th, 2003 • 5:43 pm

Je trouve tout de même incroyable qu’un produit aussi courant que le détergent “Mr. Clean”, qui a déjà un nom français bien établi en France (“M. Propre”), a un nom français différent ici au Canada (“M. Net”).

Pourquoi diable les francophones du Canada persistent-ils à vouloir adopter une traduction différente de celle qui est utilisée en France? Je comprends bien que, dans certains cas, les traductions françaises peuvent avoir des conséquences fâcheuses au Québec. (On m’a par exemple expliqué pourquoi il n’était pas recommandé d’utiliser la traduction française du titre du film Honey, I Shrunk the Kids! au Québec…) Mais là?

Si je note ça aujourd’hui, c’est parce que j’observe ce phénomène constamment, dans toutes sortes de domaines. Le commerce multinational est un secteur où il est tout particulièrement frappant. À lire les emballages bilingues des produits vendus au Canada, on dirait qu’il n’y a absolument aucune communication entre le personnel francophone des sociétés au Canada et le personnel français de ces mêmes sociétés en France. Les emballages canadiens sont généralement, de surcroît, bourrés de toutes sortes de fautes épouvantables (anglicismes, grammaire, ponctuation, etc.) qui montrent clairement que le personnel francophone de ces sociétés au Canada n’est pas compétent sur le plan linguistique.

Il faut croire que personne ne leur fait jamais remarquer la quantité de fautes qui entache leurs emballages… C’est d’autre plus désolant que ces emballages sont souvent les seuls fragments de français auxquels les anglophones sont “exposés” dans leur vie quotidienne.


11 Responses to “Monsieur Net”

  1. Philippe says:

    Pouquoi diable les francophones de France auraient-ils le monopole de la traduction — alors que, par exemple, elle est si pitoyablement nombriliste dans les romans traduits de l’américain — et ceux du Canada devraient-ils ne parler qu’en français de France ?

    Pour répondre à votre question, dans l’esprit canadien français M. Propre ne sonne pas net du tout.

    Car la langue ce n’est pas uniquement des mots, c’est aussi et surtout l’esprit qui est attaché à chacun. Un esprit qui a évolué avec le temps, le contexte et la culture.

    Quant aux fautes toujours trop nombreuses, elles sont le fait d’entreprises qui préfèrent donner le travail de traduction à n’importe qui au sein l’entreprise qui a des notions de français, plutôt que de faire les frais d’un professionnel. Mais ne laissez surtout pas entendre que les “francophones” au Canada ne sont pas aussi compétents dans leur langue que ceux de France. Du reste les rapports PISA de l’OCDE prouvent le contraire.

    Une question, pourquoi dans le même texte dites-vous “ici” et “leurs” ? Cela veut-il signifier que vous êtes “ici” physiquement, mais que votre esprit est en France ? Si tel est le cas, vous devez être malheureux.

  2. Pierre Igot says:

    Pour moi, les fautes et le reste vont de pair. Il n’y a aucune coordination entre les traductions au Canada et les traductions en France, même pour le même produit de la même société. C’est absurde. Je ne dis pas que l’un devrait avoir le monopole par rapport à l’autre, simplement qu’il devrait y avoir coordination quand il n’y a aucune raison d’inventer une traduction autre pour le Canada.

    Les nombreuses fautes des traductions au Canada sont pour moi une claire indication du fait que les traducteurs utilisés ne sont pas compétents. Alors comment défendre leurs choix de traduction différents de ceux des Français? Ce n’est pas en raison de différence culturelle, c’est en raison d’incompétence.

    La moindre des choses, quand on est traducteur professionnel, c’est de vérifier s’il existe déjà une traduction en français de ce qu’on a à traduire. Supposer par défaut que les traductions qui pourraient exister en France ne sont pas adaptées au Canada, c’est injustifié. Les Français et les Canadiens de langue française ont plus en commun qu’ils n’ont de différent. Il s’agit de la même langue, après tout!

    Le problème plus général, pour moi, est celui de l’attitude qui consiste systématiquement à considérer que ce qui est fait ailleurs dans la francophonie est inutile/inadapté. C’est comme ça qu’on maintient et renforce les barrières au lieu de les lever.

    Et je précise bien que ça s’applique dans les deux sens pour moi. Oui, les “Français de France” ont eux aussi certaines choses à apprendre des francophones d’Amérique du Nord. Mais pas tout!

    Pour ce qui est des emballages à proprement parler, il est clair pour moi qu’il y a une quantité énorme de fautes dans les emballages en français en Amérique du Nord, qu’on ne retrouve pas en France. Il y a donc bel et bien un problème en Amérique du Nord.

    Ça ne m’empêche pas d’y vivre et d’y être heureux, mais je considère quand même cela honteux. Sur ce plan, oui, je garde mon point de vue de Français.

  3. Jean says:

    Un instant! Les fautes de français sur les emballages existent, mais de là à dire qu’il y en a une quantité énorme en Amérique du Nord, vous exagérez. Les compagnies multinationales telles que Sony, Apple, Kellogg, Kraft, Nike, Nikon et le reste ne font pas de fautes sur leurs emballages ou dans leurs manuels d’instructions. Pour poursuivre dans le même sens que Philippe, le problème provient des compagnies fabriquant des produits peu dispendieux et de piètre qualité (en Asie habituellement), ou des micro-entreprises qui les importent ici, et qui n’ont pas de personnel connaissant la langue française (même à Toronto!). Autrefois la méthode préférée était sans doute la traduction mot à mot au dictionnaire, maintenant ils y vont avec les traducteurs automatiques sur Internet, sans meilleur résultat. Je serais curieux de voir les textes en espagnol ou en portugais en Amérique du Sud, pour comparaison. Les traducteurs sont très compétents, quand on veut s’en payer un.

    De toute façon en France l’emploi des anglicismes est bien plus courant dans l’écrit officiel qu’au Québec, et c’est là que le bât blesse. Oui ici dans la vie de tous les jours on dit «drill», «truck», «puncher» et «cute», mais jamais dans l’écrit on ne voit ces mots, ni «shopping», «mél», «foot» et «girlfriend» comme dans les journaux français. Vous ne semblez pas considérer que ce sont des fautes, mais pour moi elles en sont. Il n’y a rien qui m’énerve plus qu’écouter un film américain traduit en France, quand les séquences de football ou de baseball incluent des perles comme «base» (prononcé bése), «out» ou «kicker» (prononcé quiqueur), pour lesquels nous avons de très bonnes traductions aux Québec.

    L’histoire la plus minable est au sujet de la série télévisée Lance et compte, tournée dans les années 80, qui suivait les exploits d’une équipe de hockey de Québec. Cette série avait été tournée en double, en français et en anglais, par les mêmes acteurs. Eh! bien croyez-le ou non, c’est la version anglaise doublée en France, au lieu de la version canadienne française, qui y avait été présentée à l’écran. Du snobisme ou quoi? Honteux!

  4. Pierre Igot says:

    Jean: Le produit “Monsieur Net”, pour ne citer que celui-là, est un produit d’une grosse société multinationale qui vend depuis des décennies des produits tant en Europe qu’aux États-Unis. Il ne s’agit pas d’un produit de piètre qualité en provenance d’une micro-entreprise asiatique.

    Le problème n’est pas la traduction mot à mot. C’est bel et bien la traduction faite par des êtres humains en Amérique du Nord qui se prétendent traducteurs et commettent barbarisme sur barbarisme, sans que cela ait un impact sur la commercialisation du produit parce que la grande majorité des acheteurs est de toute façon anglophone.

    L’histoire des anglicismes en France est un vieux cliché perpétué par les Québécois… Oui, les Français s’amusent à importer ici et là des mots d’anglais — mais ce qui menace une langue, ce ne sont pas les anglicismes de vocabulaire, ce sont les anglicismes de grammaire, c’est-à-dire les calques syntaxiques. Je n’ai jamais entendu un Français dire dans un feuilleton télé: “La fille que je sors avec”. J’ai entendu un acteur québecois le dire dans une série télé québécoise… C’est un exemple parlant.

    Je n’ai peut-être pas fait d’étude scientifique de la chose, mais je persiste à dire, après avoir vécu 20 ans en France et 15 ans au Canada, que les fautes de français de toutes sortes, y compris anglicismes de grammaire/structure et idiomatismes calqués de l’anglais, sont beaucoup plus fréquentes sur les emballages bilingues du Canada que sur les emballages unilingues de France.

    Oui, il existe des traducteurs compétents. (J’ose prétendre en être un, puisque c’est mon métier depuis 10 ans.) Mais les traducteurs embauchés par bon nombre de sociétés au Canada ne sont pas compétents. C’est aussi simple que cela.

  5. Pierre Igot says:

    Pour ce qui est du “scandale” de l’émission doublée en France, je dirais simplement deux choses: 1) Le problème n’est pas qu’un problème de vocabulaire ou d’idiomatismes, mais aussi un problème de prononciation. C’est peut-être difficile à s’imaginer pour un Québécois, qui est systématiquement exposé dès son plus jeune âge aux différentes variantes (français standard de France, français du Québec et même français de l’Acadie), mais pour un Français qui n’a jamais été exposé à l’accent québécois, les choses peuvent être très difficiles à suivre. 2) Les Québécois n’ont de leçons à donner à personne en matière de doublage des émissions télévisées. L’immense majorité des films et feuilletons que je vois sur les chaînes de télévision dites québécoises (SRC, TVA, TQS, etc.) sont des feuilletons américains doublés en français. Quand je veux voir un vrai film français, en général, il faut que j’aille voir sur des chaînes anglophones comme Bravo ou Showcase. On est forcé de subir les sous-titres anglais, mais au moins c’est du français authentique!

    Même la chaîne canadienne-française prétendument “artistique” ARTV, qui est censée rivaliser avec Bravo et Showcase du côté francophone, diffuse des films qui sont, pour une bonne moitié d’entre eux, des films américains ou anglais doublés en français. Ça, c’est une honte.

    Qu’après tout cela, les Québécois prétendent faire la leçon aux Français de France en matière de langue et de culture, disons que ça ne manque pas d’ironie.

  6. Jean says:

    Monsieur Pierre

    Je ne considère pas M. Net comme une traduction inappropriée, je n’ai jamais dit cela. En fait c’est un très bon nom, qui sonne bien à l’oreille. Les références culturelles imposent certains choix de mots, comme l’exemple du titre de film que vous avez donné. J’ai vécu deux ans en Europe et je me suis toujours demandé (et me demande toujours) pourquoi la crème Oil of Olay s’appelait là-bas Oil of Ulay. Quelqu’un quelque part a dû voir que l’un des noms avait des références inappropriées. Plusieurs véhicules identiques ont d’ailleurs des noms différents en Europe et en Amérique. Associez-vous ce phénomène à des traducteurs incompétents? Pas moi.

    En voici deux exemples de références culturelles manquées. Dans les années 70 Chevrolet avait un véhicule nommé Nova. Beau nom évocateur en anglais et en français. Le problème, c’est que personne n’avait songé qu’au Mexique, en espagnol, cela signifiait «n’avance pas». Et les ventes y étaient faibles… Mon frère m’a déjà dit qu’une compagnie avait tenté il y a longtemps d’introduire en France une nouvelle caméra. Pour profiter de la vague Nikon, le nom choisi était Superkon. Il paraît que ça n’a pas duré longtemps…

    Si vous voulez des vrais films français, regardez donc Télé-Québec, il y en a régulièrement. Malheureusement ce sont souvent les plus ennuyants aussi (des films français, je précise).

    Bon, toute cette conversation est franchement inutile. Continuez-donc de commenter l’état du Mac à la place. Là je vous rejoins.

  7. Pierre Igot says:

    Mon commentaire sur M. Net de ce matin concernait le produit, pas le nom qu’on lui donne au Canada.

    Ceci dit, pour revenir au point de départ, je ne vois pas en quoi “net” est plus culturellement approprié au Québec que “propre”. Vous dites “net” beaucoup plus souvent que “propre”, au Québec?

    D’où mon commentaire initial, concernant l’inutilité d’inventer une traduction différente pour le Québec. J’y vois donc un excès de zèle qui me semble quelque peu typique du syndrome “plus royaliste que le roi” qui affecte nombre de soi-disant “spécialistes” de la langue française au Québec.

    Les films français sont souvent ennuyeux? Ben voyons. Vive l’Amérique et ses si nombreux cinéastes de génie. C’est un commentaire qui illustre votre ouverture d’esprit. Vous pensez sans doute aussi que la France, c’est un pays de la “vieille Europe”, n’est-ce pas?

    Pour ce qui est de l’utilité de cette conversation, le fait qu’elle vous échappe est malheureusement symptomatique. Et ce n’est pas à vous de décider de ce sur quoi je puis me permettre de faire des commentaires ici. Si seuls mes commentaires sur le Mac vous intéressent, changez votre signet et pointez-le vers la page de catégorie “Macintosh”.

  8. Jean says:

    Je me demande comment vous pouvez faire la meilleure traduction au monde (ce dont je déduis d’après vos propres affirmations) alors que vous n’êtes même pas capable d’analyser des phrases correctement. Je n’ai pas dit comme tel que les films français sont en général ennuyeux, j’ai dit que ceux que Radio-Québec présente sont parmi les plus ennuyeux DES FILMS FRANÇAIS (j’ai pris la peine de le préciser), pas des films du monde entier. Je sais qu’il y a de très bons films français, mais on ne les voit pas assez souvent ici, tout comme il y a des films américains super ennuyeux aussi.

    Net ou Propre, qu’est-ce que ça peut bien foutre? Pourquoi le nom utilisé en France devrait-il avoir prédominance sur tous ceux utilisés dans les autres pays francophones? Parce que vous avez encore l’esprit colonialiste? Faites-vous une crise si en Côte d’Ivoire un produit porte un nom différent qu’en France? Et qui dit que le nom utilisé en France a été le premier porté par le produit, et que tous les autres sont venus après? Ne seraient-ce pas les Français qui n’aiment pas les noms concoctés à l’étranger, et qui sont plus royalistes que le roi? Nous sommes très capables de prendre nos propres décisions sans attendre que l’Académie ou les agences de publicité françaises nous disent quoi faire. Mettez donc de côté votre air de supériorité.

  9. Pierre Igot says:

    Déduisez, déduisez. Évitez les prépositions, cependant. C’est mauvais pour la santé.

  10. Lucrèce says:

    Encore la Maladie du Nombrilisme des Français.

    Non mais c’est pas croyable ! Moi aussi ça m’énerve t’entendre des films de mon continent traduit avec leur accent et des mots
    complètement incompréhensible !

    Bientôt, ils vont être plus anglicisme que nous .
    Ils le sont déjà. Avez vous lus les livres d’or qu’ils /elles signent dans nos sites perso ? C’est épouvantable ! En se moquant et en nous ridiculisant.

    Voulez vous nous convertir à votre français comme vous avez convertient les Amérindiens à votre religion… ?

    Vous enseignez le français en Afrique et bien continuer car eux n’ont que leurs languages c’est plus façile à assimiler ,
    ils débutent A B C… , par contre d’autres ont votre accent !

    Jamais nous seront des Francais car je suis une Québecoise
    et vous ne pourrez pas refaire l’histoire !

    Nous sommes tous ici des Québecoises / Québecois .

    Pas des Kébecois comme vous écrivez sur Internet en France .

    Pourquoi les chanteurs-ses Fr du Québec n’ont pas le droit de chanter les chansons qu’ils veulent chez vous ?

    Nous ne comprenons pas le vocabulaire de vos chanteurs-ses, et ont vous acceptent !?!
    Si vous n’aimez pas les fautes d’orthographes de chez nous et bien allez vous pondre un oeuf !

    M.Net ou M.propre ” c con à gerber, comme vous dites ” !

  11. Pierre Igot says:

    Toujours agréable d’avoir des échanges constructifs :).

    En fait de nombrilisme (avec ou sans majuscule), il n’est pas besoin d’aller aussi loin qu’en France pour le trouver… Essayez de demande à un Acadien ce qu’il pense des Québécois et de “leur” français.

    Mais bon, c’est un autre débat.

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