Postes Canada: L’horreur terminologique

Posted by Pierre Igot in: French Stuff
May 1st, 2003 • 4:01 pm

Un exemple parmi tant d’autres de la situation désolante du “bilinguisme” officiel au niveau de la fédération canadienne… Il s’agit en l’occurrence de Postes Canada et des emballages préimprimés bilingues qu’ils vendent pour leurs colis rapides.

Hier, nous avons reçu un colis envoyé dans une de ces enveloppes plastifiées préimprimées de Postes Canada. Ces enveloppes comportent deux espaces, un grand au milieu pour l’adresse du destinataire et un petit pour celle de l’expéditeur, en haut à gauche.

En anglais, pour une raison qui m’échappe mais qui existe sûrement quelque part dans l’esprit de certains fonctionnaires du gouvernement fédéral, Postes Canada a cru bon de préciser la fonction de ces deux espaces en ajoutant un “to:” et un “from:”, comme si la convention consistant à mettre le destinataire en grand au milieu de l’enveloppe et l’expéditeur en haut à gauche n’était pas quasiment universelle et connue même des plus illettrés de nos concitoyens. Mais bon.

Le summum de la bêtise, c’est cependant la traduction de ce “to:” et de ce “from:”. Comme Postes Canada est un organisme fédéral, tout ce que la société publie et imprime doit être bilingue. On pourrait supposer que les traducteurs embauchés par un tel organisme ont tout de même un niveau minimum de compétence… Cette enveloppe préimprimée semble prouver le contraire.

Figurez-vous que, au lieu d’utiliser la traduction universelle de ce “to:” et de ce “from:”, qui est, jusqu’à preuve du contraire, “destinataire:” et “expéditeur:”, la personne responsable de la traduction des mots imprimés sur cette enveloppe a décidé que “from:” devait se rendre par de: et “to:” par… jusqu’à:”!

Il se trouvera sûrement des francophones au Canada qui me sortiront des raisons toutes plus linguistiquement fallacieuses les unes que les autres pour justifier un tel choix. J’ai l’habitude. Il n’en reste pas moins que, une fois de plus, un traducteur de rang probablement relativement élevé a cru bon de réinventer la roue et de trouver une nouvelle traduction calquée directement sur l’anglais au lieu des termes en usage en France et ailleurs depuis des lustes. On l’imagine fort bien, d’ailleurs, choisissant “de:” pour “from:” et “à:” pour “to:”, pour être pris immédiatement après d’un certain remords parce quelqu’un lui a enseigné un jour dans un cours de traduction quelconque qu’il a suivi à moitié éveillé qu’il ne fallait quand même pas calquer aussi directement les choses sur l’anglais. Il s’est sans doute dit alors que “jusqu’à:” ferait plus français que “à:”!

Le drame, c’est que des exemples comme ça, j’en trouve quasiment tous les jours, dans des documents imprimés on ne peut plus “officiels”. Et avec ça, il se trouve encore des Canadiens francophones pour soutenir qu’ils parlent un français plus “correct” que les “Français de France”, avec leur week-end et leur parking.


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